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Nous étions quelques-uns à accompagner le maire sur le site de Québecor, afin de saluer les salariés et leur apporter notre
soutien. C'est rien, ça ne changera rien à leur situation, en même temps, je nous en aurais voulu de ne pas y être allés. Parce que notre rôle d'élu est aussi, je le crois, de défendre nos
convictions et les victimes de chair et d'os d'un système capitaliste libéral que toute la gauche condamne.
Nous avons été très chaleureusement reçus, chaque ouvrier, contremaître, chef d'équipe présent nous expliquant avec précision, avec
passion, en quoi consistait son travail. Après la présentation des cylindres, nous avons progressé vers le coeur de l'entreprise, l'odeur de l'encre (pleine de solvant toxique, soit-dit en
passant) devenait plus forte et le bruit de la rotative plus assourdissant. On imprimait la dernière commande : un gratuit pour grande surface dont on nous fit cadeau. Le genre de journal
qu'on reçoit et qu'on jette tous les jours. Pour nous ce n'est rien, pour eux je ne suis pas sûr. Des années de travail, à vivre dans cet usine, pour cette usine. Tout cela va
s'arrêter, pour rien. Quand nous sommes passés, déjà les premier ateliers étaient à l'arrêt. Et maintenant, j'essaie de me mettre à leur place et d'imaginer le silence qui doit
désormais régner à Québécor. Courage les gars.François Thiollet