communiqué de presse du 4 avril 2011, à l'occasion de la réunion de la commission locale d'information de la centrale de Saint Laurent
Alors que nous nous apprêtions à commémorer le vingt-cinquième anniversaire de Tchernobyl, et que l'opinion publique mondiale semblait oublier peu à peu cette catastrophe, le séisme
du Japon a remis en lumière le risque
technologique majeur que représente l'énergie nucléaire. Ce drame apporte une fois de plus, une fois de trop, la malheureuse démonstration que l'industrie nucléaire est une épée de Damoclès au-dessus des populations qui vivent dans les régions où les centrales sont implantées, et au-dessus des travailleurs du nucléaire. Nous pensons particulièrement aujourd’hui aux liquidateurs de Fukushima, qui sont en train de sacrifier leur vie pour limiter le désastre, nous pensons aussi à ceux qui sont morts à Tchernobyl, aux 4000 personnes qui travaillent encore là-bas, et sont quotidiennement soumises à des niveaux de radiations très importants, pour protéger l'Europe d'une nouvelle catastrophe.
La région Centre est la deuxième région nucléaire du pays le plus nucléarisé du monde, et pourtant, c'est en France que le débat est le plus difficile. Nous partageons le point de vue du directeur de l'ASN : « Personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais d'accident nucléaire en France », d'ailleurs, ils ont déjà eu lieu. Deux incidents majeurs ont eu lieu à Saint Laurent, dont le plus grave qu'ait jamais connu notre pays, classé niveau 4. Du plutonium a été rejeté dans la Loire de 1969 à 1985, aucune précaution n’a alors été mise en place pour protéger la population. Ce n’est qu’en 1988 que cette situation a été révélée.
« Personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais d'accident nucléaire en France », pourtant nous entendons de nombreuses voix nous expliquer que ce qui s'est passé à Fukushima ne peut pas arriver en France… comme on nous l'expliquait pour Tchernobyl.
« Personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais d'accident nucléaire en France », pourtant on prolonge la durée de vie de centrales dont on découvre régulièrement des anomalies. La centrale de Fessenheim, mise en service pour 20 ans en 1978, est située en zone de risque sismique moyen, les réacteurs de saint Laurent ont été mis quant à eux en service en 1981 A Saint Laurent le risque sismique est qualifié de « négligeable », mais la centrale est située dans le lit majeur du fleuve.
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« Personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais d'accident nucléaire en France », pourtant nous subissons déjà les conséquences durables de l'industrie nucléaire : 400 m3 de liquides radioactifs se déversent chaque jour dans la Manche, les déchets s'empilent sur des sites qu'il nous faudra surveiller pendant des centaines d'années, et même des milliers d’années pour certains d’entre eux.
A Saint Laurent, 2000t de chemises de graphite irradiées sont ainsi entreposées dans le lit majeur de la Loire.Et que dire de la vieille centrale St Laurent A, stoppée depuis 20 ans, qu’EDF est bien incapable de démanteler et de faire disparaître proprement ?
La Commission locale d'information de Saint Laurent se réunit aujourd'hui. C’est généralement l'occasion d'explications techniques précises de la part de l'exploitant, mais on y aborde rarement les sujets de façon politique, c'est-à-dire sous la forme de choix entre plusieurs alternatives. Nous n'allons évidemment pas exiger d'arrêter la centrale de Saint Laurent dès le mois prochain, mais nous allons demander, de façon constructive, que les membres de la CLI s'emparent de sujets qui concernent aujourd'hui et pour longtemps nos concitoyens :
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La sécurité / la prévention des risques :
- nous demandons que des exercices aient lieu au moins une fois par an et concernent toutes les populations situées dans un rayon de 30 km autour de la centrale
- nous demandons qu'un audit précis soit fait concernant le risque de crue : jusqu’à quelle hauteur d’eau résisteraient les systèmes de refroidissement des réacteurs, et les silos d’entreposage des chemises de graphite irradiées, le tout étant dans le lit majeur du fleuve ?
- nous demandons au conseil général la commande d'une étude épidémiologique indépendante sur tout le département pour mesurer les conséquences sanitaires de l’industrie nucléaire
- nous demandons un audit précis et indépendant sur le risque de chute d’un aéronef sur la centrale
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L'avenir :
- nous demandons qu'un groupe de travail sur l'après nucléaire soit créé et étudie trois questions : Comment gérer la fermeture et le démantèlement des sites ? Quel avenir post-nucléaire pour les communes limitrophes de la centrale ? Quelle issue pour les silos d’entreposage des chemises de graphite irradiées ?
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La démocratie :
- nous demandons que les réunions de la CLI soient publiques
- nous demandons que toutes les communes situées dans un rayon de 30 km de la centrale soient représentées à la CLI
- nous demandons que le bureau de la CLI soit représentatif de l'opinion, et intègre donc aussi des membres favorables à la sortie du nucléaire.
Nicole Combredet, porte-parole de SDN 41, conseillère municipale de Lestiou
François Thiollet, conseiller municipal de Blois
Charles Fournier, conseiller régional